La complicité et la richesse de cette composition sont à la hauteur du sujet représenté : le Christ portant sa Croix entouré d’anges portant les instruments de la Passion. En bas au centre, une vierge statue rappelle Mama Ocllo, déesse fondatrice de Cuzco. Il ne s’agit pas d’une représentation classique de la Vierge en tant que mère de Jésus, mais bien d’une statue vue de face et idéalisée comme un symbole.
Les détails foisonnants de cette composition rappellent l’identité péruvienne du ou des artistes à l’origine de cette oeuvre, d’où l’importance accordée aux plumes dans la coiffure des anges.
L’une des plus grandes collections européennes consacrées au Baroque des Andes »
Monsieur et Madame Gérard PRIET (Partie 1)
Lorsque j’ai fait la connaissance de Monsieur et Madame Gérard PRIET il y a une quinzaine d’années, ce fut l’occasion de découvrir qu’ils avaient constitué l’une des plus grandes collections européennes consacrées au Baroque des Andes.
Cette passion commune les a amenés à voyager en Amérique du Sud depuis les années 80. Ils ont ainsi pu prêter de nombreuses oeuvres à des musées afin de faire partager au grand public un art de ce continent. Lors de la découverte du Nouveau Monde, c’est un art européen qu’apportent les congrégations religieuses espagnoles, puis apparaît un art hybride où les Indiens et les métis peignent des tableaux religieux mais avec de nombreux aspects indiens et en particulier incas. On constate le refus de la perspective, l’ajout de vives couleurs, des petits oiseaux messagers des dieux, des anges arquebusiers qu’on ne voit nulle part ailleurs dans le monde. À cela s’ajoute le fameux « brocateado », cette délicate peinture à l’or qui souligne les vêtements de la Sainte Famille et des saints.
Le peintre et sculpteur Fernando Botero (1932-2023) vivait misérablement à New York. Joachim Jean Aberbach l’aida, lui trouva une galerie pour exposer et vendre ses oeuvres. Reconnaissant, Fernando Botero lui fit découvrir le baroque des Andes au cours d’un voyage en Amérique du Sud. Monsieur Aberbach, charmé, se mit à collectionner des peintures des Andes. Il fit, par ailleurs l’acquisition d’oeuvres de Botero.
Monsieur et Madame Gérard PRIET rencontrèrent à New York Madame Suzan Aberbach, veuve de Joachim Jean
Aberbach, ainsi que sa collection de tableaux. Ces tableaux étant à vendre, Monsieur et Madame Gérard PRIET purent les acquérir, débutant ainsi une collection exceptionnelle.
Au fil des années et de leur pérégrination dans les galeries et les salles de ventes de divers pays, Monsieur et Madame
Gérard PRIET purent enrichir leur collection et approfondir leur connaissance de cet art en recherchant des ouvrages traitant de cet art baroque andin.
Des expositions furent organisées entre 2008 et 2019 par des conservateurs de musées à partir d’oeuvres prêtées par Monsieur et Madame Gérard PRIET. On peut citer les musées de Montbrison, du Mans, de Castres, Sarrebourg,
Versailles (musée Lambinet), Paris (musée de la chasse), La Rochelle (musée du Nouveau Monde), Auch (musée des
Amériques), Paris (musée du quai Branly- Jacques Chirac), Lyon (musée de Fourvière), Paris (musée du Louvre- Grand
Palais).
Les liens d’amitié qu’ils ont noués, notamment avec le professeur d’université Suzanne Stratton-Pruitt à New-York, ou avec Monsieur Ramon Mujica Pinilla à Lima, auteur de nombreux ouvrages sur l’art andin ont été une aide précieuse dans leur connaissance de cet art.
Aujourd’hui, Monsieur et Madame Gérard PRIET ont décidé de passer le flambeau à d’autres amateurs et à des institutions qui continueront à développer les fruits de leur passion.